Pol Espargaró toujours dans le coup mais ravi d'être intérimaire
Pol Espargaró a marqué des points dans les deux courses au GP d'Autriche, mais il ne veut pas retrouver la vie de pilote à plein temps, devenue trop stressante à ses yeux.
Photo de: KTM
En mai dernier, pour sa première apparition sur la KTM en wild-card depuis sa retraite de titulaire fin 2023, Pol Espargaró avait donné l'impression de subir en grande partie l'expérience, estimant être arrivé mal préparé. La donne était totalement différente au Red Bull Ring. Engagé sur une machine expérimentale, sur laquelle ont fleuri des ailerons jusqu'au bras oscillant, le Catalan savait où il mettait les pieds, puisqu'il avait déjà bouclé 350 tours sur cette moto au cours de différents tests.
Espargaró a ainsi pu être dans le bon rythme tout au long du week-end. Touché par des soucis techniques le vendredi, il a dû disputer la Q1 et y a pris la deuxième place. Dans la deuxième partie des qualifications, il a dû se contenter de la dixième place après une chute, mais avait le potentiel pour faire mieux.
"L'objectif était la deuxième ligne et c'était très, très proche", a commenté Espargaró. "J'ai fait une erreur et je suis tombé. C'était mauvais parce que je pense qu'on avait la vitesse. Pendant les tests j'ai fait un 1'28"3 seul et on avait nos chances mais en me retrouvant ici face aux autres, la pression est super élevée. J'étais nerveux, anxieux et c'est sûr que les problèmes avec les deux moteurs [le vendredi] – qui nous ont empêché d'entrer en Q2, pas facilement, mais je pense qu'on avait une grosse chance – ont apporté encore plus de tension dans le box."
Espargaró a également senti qu'il avait perdu l'habitude de prendre un pilote en référence pour faire un bon temps : "Je ne suis plus bon pour suivre des pilotes parce qu'il faut comprendre où freiner. On est aspiré par les autres et c'est une autre technique. Ceux qui prennent tout le temps une roue, ils sont bons pour ça. Ce n'est pas facile à faire. C'est une chose que j'ai perdue. Je suis habitué à rouler seul parce que dans les tests on avait fait un 1'28"3, qui était le record jusqu'à ce week-end ! Jorge [Martín] l'a battu. Je savais que je pouvais le faire seul."
Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing
Photo de: KTM Images
Lors du sprint, le pilote d'essais de KTM a payé "quelques erreurs" et "quelques soucis" sur sa moto, mais a pu prendre le point de la neuvième place. Le lendemain, il a perdu des positions au départ mais a réussi à se hisser au 11e rang, après un long duel, perdu, face à Álex Márquez. Malgré un résultat nettement supérieur à sa 17e place au Mugello, Espargaró n'était pas totalement satisfait.
"J'en attendais un peu plus. Je pense que tous ceux qui n'avaient pas une Ducati en attendaient un peu plus ! Dans l'ensemble, mon travail était de piloter la moto aussi vite que possible pour récolter des informations, sans tomber, et prendre quelques données, pour comparer avec les tests que l'on a faits. Les résultats n'ont pas été aussi bons que pendant les tests mais quand on met la moto sur de la gomme Pirelli après la course Moto2, et avec d'autres motos en piste, l'environnement est beaucoup plus stressant. Mais on a quelques données et c'est très important."
Espargaró a beaucoup changé ces derniers mois
Cette wild-card était probablement la dernière de Pol Espargaró cette année... ce dont il semble se réjouir. Après une année 2023 marquée par une grave blessure et de gros efforts pour revenir, il a appris à apprécier la vie loin du tumulte du paddock cette année, et reconnaît avoir désormais du mal à encaisser la pression des week-ends de course.
"Je suis content de ne pas avoir d'autre week-end. Ces gars pilotent tous les week-ends, ils sont face à vous, les médias, avec la pression de toutes ces personnes. Ils ne réalisent pas le mal que ça fait à leurs corps et à leurs cerveaux ! Quand tu le vois de l'extérieur et que tu reviens à l'intérieur, tu le sens vraiment. Mon attitude a vraiment beaucoup changé."
"Je suis avec ma femme ce week-end et je peux sentir comment je réagis avec elle à chaque fois que je me réveille le matin, par rapport à quand je suis chez moi pour une journée normale. Cette pression est très grosse à gérer mais ils ne le réalisent pas parce qu'ils y sont habitués. Mais c'est très important."
Pol Espargaro, Red Bull KTM Factory Racing
Photo de: KTM Images
En dépit de cette prise de conscience sur la difficulté du métier de pilote, Espargaró estime qu'il serait plus utile à KTM en disputant plus de courses : "On en veut toujours plus. Je veux évidemment rouler un peu plus parce que tous pilotes veulent rouler plus. Tous les ans, tout est différent, les pilotes roulent différemment, ils sont plus agressifs ou moins agressifs, donc il faut comprendre qui sont les pilotes."
"Par exemple, Álex Márquez était très rapide au début mais moins après. Si je l'avais su, j'aurais été plus patient au début puis je l'aurais attaqué avec plus d'agressivité à la fin. Vu que je ne savais pas face à qui j'étais, j'étais super stressé au début, puis je suis revenu très vite et très facilement, mais je n'ai pas pu le doubler parce que je ne savais pas comment gérer cette situation. Pendant les tests, je n'ai personne à doubler ! C'est sûr que plus on fait de courses, plus on s'adapte à différentes situations, ce qui est impossible pendant des tests."
Espargaró assume cette contradiction entre la volonté de faire peu de courses et le désir d'être performant sur la moto : "Il y a ces deux faces de la pièce. On déteste ça mais on en a besoin ! C'est cette sensation que l'on ne peut pas vivre sans. Mais au final, deux [courses], ce n'est pas beaucoup, c'est très peu. OK, ça créé quelques problèmes mais les sensations que l'on a et ce que l'on ressent quand on fait son travail, c'est très sympa."
Ce Grand Prix d'Autriche était en tout cas probablement le dernier réunissant les frères Espargaró sur la grille de départ, puisqu'Aleix deviendra aussi pilote d'essais l'an prochain, chez Honda. Des participations communes en wild-card restent cependant possibles. "Ce n'est peut-être pas la dernière fois !" a commenté le cadet de la fratrie, impressionné par le niveau de son aîné : "C'était sympa, vraiment sympa. En course, sans la lutte avec Álex [Márquez], si je n'avais pas perdu du temps, j'aurais pu être plus proche de lui en fin de course, mais c'est sympa de rouler avec Aleix."
"Aleix a un niveau incroyable, OK il a eu des problèmes [en Autriche] mais il montre des performances incroyables. Je pense que c'est le rêve de tout pilote d'arriver à ce niveau avant sa retraite : faire des podiums et de bonnes courses. Je l'envie beaucoup. C'est très sympa de rouler face à lui."
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